L'analyse du cycle de vie

Qu’est-ce qu’une analyse du cycle de vie?

L’analyse du cycle de vie (ACV) est une méthode d’analyse régie par l’Organisation internationale de normalisation (ISO) qui permet d’évaluer la performance environnementale d’un produit ou d’une activité sur l’ensemble de son cycle de vie.

Cette approche globale tient compte de l’extraction et du traitement des matières premières, des processus de fabrication, du transport et de la distribution, de l’utilisation et de la gestion du produit en fin de vie.

Elle a pour objectif de permettre la réduction des effets des produits et des services sur l’environnement, en facilitant la comparaison de solutions et la prise de décision. Elle constitue un outil d’aide à la gestion écologique et, à plus long terme, au développement durable.

La méthodologie est encadrée par les normes ISO 14040 et 14044 de l’Organisation internationale de normalisation (ISO).

Quatre phases

Une analyse du cycle de vie s’effectue généralement en quatre phases. Des allers-retours d’une phase à l’autre sont fréquents et la démarche est souvent réalisée de façon itérative.

  • Phase 1 - Définition du champ de l’étude
  • Phase 2 - Collecte des données
  • Phase 3 - Évaluation des impacts
  • Phase 4 - Contrôles et interprétation

La méthode présente deux degrés d'interprétation des résultats :

  • Le niveau « problème » : où 18 indicateurs d’impacts peuvent être utilisés, comme le changement climatique, la rareté de l’eau, l'acidification terrestre, les effets respiratoires dus aux substances inorganiques, l'épuisement des ressources énergétiques fossiles…
  • Le niveau « dommage » : où la modélisation des problèmes environnementaux est approfondie afin de déterminer leur contribution aux effets potentiels sur différentes aires de protection telles que la santé humaine ou la qualité des écosystèmes.

La force de l’approche

L’intérêt d’une analyse du cycle de vie est d’évaluer un projet sur l’ensemble de la chaîne de valeur et, ainsi, de produire un bilan des GES qui prenne en compte les sources d’émissions ayant lieu hors du territoire ainsi que les émissions indirectes, qu’elles soient liées à l’énergie ou à d’autres éléments (infrastructures, matières premières, etc.).

Il s’agit d’une pratique encore peu répandue pour évaluer la valeur environnementale de projets d’envergure. En effet, les bilans provinciaux et nationaux de GES ne considèrent généralement que les émissions directes qui ont lieu sur leur territoire.

La force de l’analyse du cycle de vie est de restituer la complexité de l’environnement et d’éviter des choix qui auraient pour conséquence de dégrader des milieux qui n’avaient pas été considérés, ou de déplacer les effets d’une étape du cycle de vie à une autre.

Exemple concret d’analyse du cycle de vie : les véhicules électriques

En 2016, le Centre international de référence sur le cycle de vie des produits, procédés et services (CIRAIG) publiait une étude comparative sur les impacts environnementaux du véhicule électrique et du véhicule traditionnel dans un contexte québécois.

Avant cette étude, la comparaison entre les véhicules électriques et thermiques portait sur la consommation d’énergie requise pour se déplacer et ses effets sur l’environnement. Pour les autres aspects, les rumeurs et les spéculations étaient fréquentes.

Cette étude a permis de prendre en considération toutes les composantes des véhicules et de comparer leur effet global sur l’environnement, y compris les étapes de fabrication, d’utilisation et de fin de vie. Les impacts potentiels ont notamment été évalués selon les critères de santé humaine, de qualité des écosystèmes, de changement climatique, d’épuisement des ressources fossiles et d’épuisement des ressources minérales.

L’étude a permis de conclure que, sur l’ensemble de son cycle de vie, un véhicule électrique alimenté à l’hydroélectricité émettait 65 % moins de GES qu’un véhicule à essence, en supposant un kilométrage final de 150 000 km. D’autres effets environnementaux ont également été mesurés dans cette analyse du cycle de vie qui a contribué à une connaissance accrue des véhicules électriques dans des conditions d’utilisation au Québec.

Pour consulter cette étude :

L’analyse du cycle de vie et le Plan directeur

L’acquisition de connaissances constitue un élément central dans la mise en œuvre du Plan directeur en transition énergétique du Québec. L’analyse du cycle de vie, pour sa part, est le moyen retenu pour répondre à l’un des principaux objectifs de cette feuille de route, qui est de connaître l’impact environnemental et économique des différentes formes d’énergie.

À cet effet, le MERN s’est associé avec le Centre international de référence sur le cycle de vie des produits, procédés et services (CIRAIG) et d’autres partenaires pour mener différentes études sur le cycle de vie.

La première étude issue de cette collaboration a été déposée en 2020 et portait sur l’utilisation du gaz naturel liquéfié dans la région de la Côte-Nord. D’autres analyses de cycles de vie sont à venir.

Publication

Étude sur le profil environnemental du gaz naturel liquéfié dans la région de la Côte-Nord

La région de la Côte-Nord, une région industrielle importante du Québec, n’est actuellement pas desservie en gaz naturel. Par ailleurs, les technologies électriques disponibles à l’heure actuelle ne permettent pas de subvenir aux besoins énergétiques de toutes les activités industrielles. En conséquence, la consommation en produits pétroliers, notamment en mazout, est importante dans cette région.

Puisqu’il a été mis en évidence que le mazout (léger et lourd) est l’une des sources d’énergie générant le plus de gaz à effet de serre lors de sa combustion, des solutions de rechange sont envisagées. Dans cette optique, un appel de projets a été lancé en 2018 afin de trouver des fournisseurs qui seraient en mesure de desservir la région en gaz naturel liquéfié (GNL).

Menée par le CIRAIG, cette étude a pour objectif de comparer les profils environnementaux du cycle de vie de la génération de chaleur industrielle sur la Côte-Nord au moyen de quatre scénarios envisagés portant sur le gaz naturel liquéfié, ainsi que du scénario de référence reposant sur le mazout léger et lourd actuellement utilisé. Cette étude permet donc de comprendre les impacts environnementaux sur l’ensemble de la chaîne de valeur (extraction, traitement, transmission/distribution, liquéfaction/stockage, transport, regazéification et utilisation), beaucoup mieux qu’un simple bilan GES uniquement lié à la phase d’utilisation.

Les résultats de cette étude serviront à renseigner davantage les décideurs et décideuses sur les résultats d’indicateurs environnementaux des scénarios envisagés, en vue d’une évaluation de l’approvisionnement énergétique de la région.

Pour consulter cette étude :

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